Insaisissable productivité

Sommaire

Un même nom, plusieurs mesures
      De la productivité partielle...
      ... à la productivité globale des facteurs
      Mais quel que soit le concept retenu, des problèmes de mesures se posent
La productivité en question
      Mieux vivre en produisant mieux
      Produire plus en produisant mieux
      Tertiarisation de l'économie et validité du concept de productivité

par Isabelle Job, Jean-Luc Proutat.

La productivité est un concept particulièrement difficile à cerner car multiple. Productivité du travail, du capital ou productivité globale, elle occupe une place de choix dans la littérature économique. Considérée à la fois comme un moteur de la croissance et un indicateur de richesse, elle reste pourtant difficile (impossible ?) à mesurer. La tertiarisation des économies contribue également à la rendre insaisissable.

Un même nom, plusieurs mesures

Au XVIIIe siècle, les physiocrates utilisaient déjà le terme de productivité pour décrire la faculté de produire. Son sens s'est affiné au cours du temps et, au début du XXe siècle, les économistes ont attaché au mot productivité une signification plus précise, celle d'un rapport mesurable entre la production et les facteurs nécessaires à celle-ci.

De la productivité partielle...

À l'origine, la productivité faisait intervenir des rapports de quantités physiques homogènes. Durant la période de la révolution industrielle, sa mesure était souvent effectuée par des ingénieurs qui cherchaient à évaluer les temps de travail des ouvriers d'un bout à l'autre de la chaîne de production. On pouvait ainsi comparer la productivité des travailleurs d'un atelier à un autre ou encore réfléchir sur les moyens d'améliorer l'efficacité du processus de production (c'est-à-dire produire plus avec le même nombre d'heures ou autant en réduisant le volume horaire).

La notion la plus usuelle de la productivité est celle qui se rapporte au facteur travail, mais il est possible d'étendre ce concept à tout autre facteur de production comme le capital ou les matières premières. Néanmoins, pour un certain nombre d'économistes célèbres, comme Marx ou Keynes, le travail est l'unique facteur de production car tous les autres peuvent être analysés comme du travail indirect qui s'est "cristallisé" sous la forme de moyens de production (la quantité de blé entrant dans la production d'un kilo de farine peut être calculée en heures de travail nécessaires à sa culture).

On parle encore aujourd'hui de productivité partielle ou apparente lorsque l'on rapporte un volume de production à la quantité d'un seul facteur.

... à la productivité globale des facteurs

Progressivement, on a tenté d'appliquer le calcul de la productivité à un niveau plus global, qu'il s'agisse de l'entreprise prise dans son ensemble, d'un secteur d'activité ou de l'économie nationale. Il ne s'agissait plus de mesurer seulement la productivité d'un seul facteur : on s'est davantage intéressé à une notion large, mettant en jeu l'ensemble des facteurs de production. Ainsi est né le concept de productivité globale des facteurs qui peut être défini comme le rapport du volume de la production au volume total des facteurs dépensés au cours du cycle de production.

Cette notion nécessite une agrégation desdits facteurs, dont toute la difficulté provient du fait que ces derniers ne sont jamais parfaitement homogènes. Le capital physique regroupe, par exemple, des produits de toute nature, comme les machines, les terrains ou les bâtiments. De plus, des différenciations s'opèrent en fonction de l'âge, de l'usure et du taux d'utilisation du capital (cf. infra). Il semble également difficile d'additionner des heures d'ouvriers spécialisés et des heures d'ingénieurs, la qualification de la main-d'oeuvre influençant l'efficacité des heures travaillées (comme en témoignent les différences de salaires suivant les catégories de main-d'oeuvre). Se pose en outre la question de l'agrégation des facteurs (capital et travail) lorsque ces derniers s'expriment en différentes unités physiques, notamment dans le cadre de systèmes de production assez complexes.

La valeur monétaire est bien finalement la seule à permettre une telle agrégation : les facteurs de production, qui des composants électroniques de l'ordinateur utilisé pour la rédaction du présent article aux heures de travail que vos serviteurs y ont consacré, ont en effet cela de commun qu'ils peuvent être quantifiés en francs (ou en euros). C'est aussi vrai de tous les biens et services échangés dans un cadre marchand. Ainsi synthétisées, les valeurs des inputs et outputs peuvent donc être rapprochées à des fins d'analyse globale - et non plus produit par produit ou facteur par facteur - de la productivité. Cela, bien entendu, à condition que les mouvements de prix soient neutralisés : un coiffeur peut, sur une période donnée, augmenter ses tarifs sans allonger le temps moyen qu'il consacre à une coupe. Il y a alors accroissement de la valeur nominale de la prestation offerte par heure de travail fournie, sans aucun gain de productivité associé. Ce dernier ne peut, en réalité, être mesuré qu'à francs (ou euros, si notre coiffeur est moderne) constants.

Mais quel que soit le concept retenu, des problèmes de mesures se posent

Or, en macroéconomie, l'élaboration des indices de prix permettant le partage entre valeurs et volumes se heurte à de nombreuses difficultés : obsolescence des pondérations entre deux bases (en cas de diffusion rapide de nouveaux produits et/ou d'évolution des modes de consommation), transformation des circuits de distribution, prise en compte des coûts ou subventions induits (dans le cas par exemple des services collectifs) ou des changements qualitatifs incorporés au prix des biens et services vendus.

Ce dernier point est sans doute le plus délicat à appréhender par les comptables nationaux, parce qu'il recouvre souvent une perte d'homogénéité. Les statisticiens ont alors, en général, recours à un chaînage : les prix d'une nouvelle génération de produits (par exemple les téléviseurs couleur apparus dans les années soixante-dix) sont supposés avoir suivi ceux de l'ancienne génération (par exemple les téléviseurs noir et blanc des années cinquante), ce qui n'a rien d'intuitif. Mais à moins de remonter chaque filière de production et de modifier les échantillons à chaque enquête de prix (ce qui aboutirait à de multiples ruptures d'indice), ce type d'approximation de l'effet dit "qualité" est difficilement évitable. Il est à l'origine, selon le rapport "Boskin" (1996), d'une surestimation de l'inflation américaine qui atteindrait 1 à 1,5 point de pourcentage par an, en moyenne, depuis deux décennies. Cela signifie que les volumes, et donc la productivité, ont été sous-estimés d'autant outre-Atlantique !

La productivité horaire apparente du travail en France

(Indices annuelles base 1970 = 100)

Source : INSEE, Paribas.

La mesure des facteurs de production n'est guère plus aisée, même si le travail est plutôt bien appréhendé, tout au moins du point de vue des effectifs. En France, la comptabilisation des actifs est, en effet, ancienne (les recensements donnent sur ce terrain des informations exploitables sur plus d'un siècle) et relativement précise. Elle obéit aux normes du Bureau international du travail (BIT) et fait l'objet, en mars chaque année, d'une enquête emploi détaillée. En fait, la détermination de la quantité de travail proprement dite ne se heurte pas tant à la mesure de l'emploi qu'à celle du temps de travail individuel effectif, c'est-à-dire prenant en compte les heures supplémentaires, l'absentéisme, les grèves, le temps et le chômage partiels, les temps de pause et de déplacement, les congés (annuels, pour cause de maladie ou de maternité), etc. L'INSEE procède, là encore, par enquête auprès des entreprises, dont il recoupe les durées offertes (ou affichées) avec les données collectées par les régimes d'assurances sociaux ou le ministère du l'Emploi. Il mesure de la sorte le temps ouvré des salariés, tout en reconnaissant ne disposer que "d'indicateurs fragiles" quant à celui des autres actifs( 1 ) (commerçants, artisans, professions libérales). La lourdeur des traitements fait en outre que les séries de durée effective du travail sont annuelles. Celles, plus frustes, qui servent de base à l'élaboration d'un indice trimestriel de productivité horaire doivent donc faire l'objet d'une interprétation extrêmement prudente, tout au moins lors des premiers mois qui suivent leur publication.

C'est vraisemblablement la prise en compte du facteur capital qui soulève les plus gros problèmes. Cela, d'abord, parce que les équipements ne font pas l'objet d'un recensement spécifique mais d'une évaluation comptable au coût historique assise sur les données de bilan d'entreprises. La multiplicité des régimes d'amortissement amène ensuite les comptables nationaux à ne retenir qu'une seule méthode de déclassement du stock de capital (celui de l'amortissement linéaire) et sur un temps de vie supposé constant. La durée d'utilisation du capital, qui peut varier avec la conjoncture et donc fausser l'appréhension du cycle de la productivité, s'appuie enfin sur celle du travail. Sa neutralisation souffre donc des mêmes réserves de mesures que celles émises un peu plus haut.

La productivité en question

L'accroissement de la productivité globale reflète la réduction de coût obtenue une fois éliminées les fluctuations de prix nominaux. Cette dernière peut être obtenue soit par une meilleure utilisation de la combinaison productive, soit par une baisse du prix réel des facteurs( 2 ). Le progrès technique( 3 ) est souvent invoqué pour expliquer, d'une part, l'augmentation de l'efficacité d'un facteur de production et, d'autre part, les changements de prix réels (ou relatifs) des produits. La productivité globale apparaît alors comme une mesure du progrès technique.

Mieux vivre en produisant mieux

Le lien pouvant exister entre la productivité et l'évolution des prix réels a été largement analysé par J. Fourastié( 4 ) : "le prix réel d'un bien ou d'un service à faible progrès technique est le même dans tous les pays du monde, tandis que les écarts sont considérables pour les produits à grand progrès technique." Pour illustrer ce propos, l'exemple (déjà pris et qui est le plus couramment cité) est celui du coiffeur et du miroir.

Dans tous les pays et quelle que soit l'époque considérée, le prix payé pour une coupe de cheveux (exprimé en termes de salaire horaire de manoeuvre) est resté pour ainsi dire le même. En revanche, pour acquérir un miroir de glace de 4 m2, un manoeuvre devait travailler 40 000 heures en 1702, 800 heures un siècle plus tard, mais ne devait plus y consacrer que 200 heures en 1950. Ainsi, le pouvoir d'achat du manoeuvre pour un miroir de cette dimension apparaît deux cents fois plus élevés dans la deuxième moitié du XXe siècle que ce qu'il pouvait être à l'époque de Louis XIV.

En fait, ces progressions très irrégulières du pouvoir d'achat selon les produits s'expliquent par l'intensité variable du progrès technique. Le coiffeur utilise une durée identique et des outils pratiquement similaires depuis des siècles pour couper les cheveux de ses clients, alors que les techniques ont considérablement évolué dans le domaine de la verrerie, permettant d'économiser des heures de travail (il faut aujourd'hui moins de 50 heures de travail pour réaliser une glace de cette dimension, alors qu'il en fallait plus de 40 000 en 1702).

La fonction de production Cobb-Douglas

La fonction de production Cobb-Douglas est de la forme :

Y = F (K, L) = Ka Lb

K et L sont respectivement les facteurs capital et le travail, et a, b < 1.

La fonction est homogène de degré a + b, F (lK, lL) = la + b F (K, L). L'hypothèse la plus couramment retenue est celle de rendement d'échelle constant (i.e. a + b = 1). Autrement dit, si l'on augmente simultanément tous les facteurs de manière équiproportionnelle, alors la production croît dans la même proportion.

Les productivités marginales s'écrivent :

F'K = aKa-1 Lb = a . Y/K

F'L = bKa-1 = b . Y/L

Sachant qu'à l'équilibre les facteurs sont rémunérés à leur productivité marginale, on a :

a = rK/Y et b = wL/Y,

r et w sont les rémunérations respectives du capital et du travail.

Ainsi, a et b représentent les parts relatives des facteurs dans le revenu national.

Sous l'hypothèse de rémunération des facteurs à la productivité marginale, l'élasticité de substitution est unitaire. Autrement dit, toute variation du prix relatif des facteurs est compensée par une variation équivalente en sens inverse du volume relatif des facteurs :

d (K/L) / (K/L) : d (w/r) / (w/r) = a/b : b/a = 1

Solow (1957) estime une fonction de production dynamique, de type Cobb-Douglas, où est introduit un troisième facteur, i.e. le progrès technique :

Yt = F (At, Kt, Lt) = At Kat L1-atAt décrit le trend de progrès technique.

Ce lien conduit également J. Fourastié à hiérarchiser les différentes branches de l'économie en prenant comme indicateur l'intensité du progrès technique qui s'y manifeste. Son analyse, élaborée dans les années cinquante, associait naturellement un fort contenu en progrès technique aux produits manufacturés d'origine industrielle, mais faisait très peu de cas du tertiaire. À partir de cette nomenclature, J. Fourastié déduit naturellement que les gains de productivité les plus importants sont obtenus dans le secteur secondaire avec en corollaire une chute spectaculaire des prix réels des biens manufacturés. Inversement, le pouvoir d'achat des salariés reste stable dans le temps pour les services tertiaires.

L'auteur s'inscrit encore dans la lignée de quelques-uns de ses prédécesseurs, selon lesquels la productivité des services est stagnante parce que non mesurable "physiquement". Adam Smith considérait les domestiques et les fonctionnaires comme "improductifs". Selon Marx, le commerce ou la finance ne créaient pas de valeur. Ces assertions sont historiquement datées. Elles rappellent celles qui, à l'époque des physiocrates, faisaient de l'agriculture la seule source de richesse. Faut-il rappeler que 70 % de la richesse créée en France est, en 1998, attribuable aux branches tertiaires ? Les gains de productivité s'observent désormais sur un terrain pour tout ou partie immatériel, ce qui ne va pas sans soulever un certain nombre de problèmes, conceptuels ou de mesures (nous y reviendrons).

Produire plus en produisant mieux

L'augmentation de productivité n'est ni plus ni moins qu'un indicateur d'enrichissement d'une nation. Très forte sur la période des Trente Glorieuses, elle a permis la mise au "standard américain" des niveaux de vie des vieilles nations d'Europe. Les théories de la croissance ont en fait connu leur essor au cours de cette période d'expansion rapide. Leur but était d'en comprendre les mécanismes, de manière à maintenir ce processus de croissance sur le long terme.

L'analyse macroéconomique des sources de la croissance a été menée principalement à partir de l'estimation d'une fonction de production de type Cobb-Douglas (cf. encadré). Les premières représentations statiques de la fonction de production ont été d'un faible apport explicatif, la croissance ne pouvant être qu'extensive, c'est-à-dire obtenue seulement à partir de l'accroissement quantitatif des deux inputs traditionnels (capital et travail). Dès 1942, J. Tinbergen s'est intéressé à la croissance intensive dans une perspective dynamique. Ces travaux fondateurs ont été ensuite repris par Solow en 1957. Pour tenir compte des gains de productivité, ces auteurs introduisent un troisième facteur, dit aussi facteur résiduel, qui est censé décrire le trend de progrès technique. Est attribué à ce troisième facteur l'ensemble de ce qui n'est pas expliqué par la seule augmentation des facteurs de production.

D'après les tests empiriques effectués par Tinbergen, la croissance est surtout extensive sur la période 1870-1914. Ultérieurement, l'ensemble des estimations, notamment celle de Solow, aboutit à la conclusion selon laquelle le trend de progrès technique expliquerait entre 50 et 60 % de la croissance des pays occidentaux. Autrement dit, les gains de productivité en tant que mesure de l'évolution du progrès technique apparaissent comme une source majeure de l'accélération de la croissance sur la période 1914-1973.

Dans ces analyses, le progrès technique apparaît comme une variable exogène qui possède en outre un caractère résiduel. On calcule en premier lieu l'augmentation de la production imputable à celle des quantités de facteurs et l'on attribue le reste au progrès technique. Ce facteur recouvre donc tout ce qui contribue à l'accroissement de la production sans que toutefois l'on puisse en déterminer l'origine. Une telle constatation fera dire à Abramovitz que ce résidu est la mesure de notre ignorance. De nombreux auteurs ont tenté de réduire ou d'expliquer le résidu de Solow( 5 ). L'accent a été mis sur les origines des gains de productivité. Au rang des multiples interprétations proposées se trouvent l'effet de rattrapage (pour les pays européens par rapport aux États-Unis), l'élévation du niveau d'éducation de la main-d'oeuvre, une meilleure organisation du travail, l'utilisation de machines plus performantes, etc.

Depuis 1973, le rythme de croissance des pays occidentaux s'est ralenti, ce qui a relancé le débat sur les déterminants de la croissance à long terme. Alors que l'accroissement de la productivité était présenté comme un élément fondamental expliquant l'accélération de la croissance au cours des Trente Glorieuses, son ralentissement est aujourd'hui invoqué pour expliquer cette baisse de régime. Les raisons d'une telle rupture de tendance du progrès technique font encore aujourd'hui l'objet de multiples analyses donnant lieu à controverse.

Tertiarisation de l'économie et validité du concept de productivité

Les erreurs de mesures (principalement dans le secteur des services) sont au coeur de l'un de ces débats. Suivant l'importance qu'on leur accorde, la thèse de ralentissement conjoint de la croissance et de la productivité peut être infirmée ou, du moins, nuancée. Plus fondamentalement, ces difficultés statistiques introduisent un doute sur la pertinence du concept même de productivité, dans des économies très tertiarisées.

L'effet qualité, dont la difficulté d'appréhension a déjà été évoquée, est particulièrement problématique dans les services. Comment, par exemple, évaluer sur la base de son seul temps de travail la productivité moyenne d'un employé de banque ou, plus généralement, d'un administratif, lorsque les progrès informatiques ont considérablement élargi la palette des services qu'il est en mesure de fournir ? Comment, encore, prendre en compte la productivité commerciale sous-jacente à l'écoulement des produits ? Un article récent ( 6 ) souligne notamment l'incapacité des approches "logistiques" (nombre de biens écoulés par commerçant) à rendre compte efficacement de la productivité dans le commerce de détail, cela du fait qu'elles sous-estiment les services attenants (assistance directe, livraison à domicile, préparation des plats en magasin, etc.).

Pour reprendre l'expression de J. Gadrey ( 7 ), bon nombre d'indicateurs de productivité sont "introuvables" dans le tertiaire parce qu'ils ont été conçus dès l'origine pour appréhender des quantités physiques. Les outils de l'analyse macroéconomique font, certes, l'objet d'améliorations constantes( 8 ). Ils restent cependant le fruit d'une construction intellectuelle dont le caractère n'est pas plus intangible que l'environnement social ou économique qu'ils s'attachent à décrire.

Ce que Problèmes économiques a publié récemment sur le sujet :


( 1) Cf. Système élargi de comptabilité nationale, INSEE méthodes C 140-141, 1987.

( 2) Le prix réel d'une marchandise (ou d'un service) correspond au nombre d'heures de travail qu'un manoeuvre doit accomplir pour gagner l'argent nécessaire à son achat. Ainsi, si le prix d'un bien est de 100 F et que le salaire horaire du manoeuvre est de 10 F, alors le prix réel est 10 puisqu'il faut 10 heures de travail pour que le manoeuvre puisse acheter ce bien.

( 3) Le progrès technique est une notion mal délimitée. Elle englobe les découvertes scientifiques et technologiques, l'accroissement de la compétence des travailleurs, une meilleure organisation de la production mais également des facteurs non économiques comme des dispositions légales favorables ou un environnement politique stable. Le progrès technique peut être défini comme l'ensemble des phénomènes qui permet d'augmenter la production sans accroître les quantités de facteurs utilisées.

( 4) Cf. La productivité (1987), 11e édition, collection Que sais-je ? PUE.

( 5) Parmi les développements contemporains, Romer (1986) a introduit l'idée d'un progrès technique endogène (qui dépend du niveau d'accumulation des facteurs de production traditionnels) et a ainsi participé au renouveau des théories de la croissance.

( 6) J. Gadrey (1998), "Produit et productivité", Cahiers français, n° 286, juin.

( 7) Ibid.

( 8) On pourrait citer, à cet égard, l'intégration récente dans les comptes nationaux français ou allemands (base 1995) des dépenses de logiciels au titre de la formation brute de capital fixe.

Problèmes économiques, n° 2645 (22/12/1999)
Page 28
Auteurs : Isabelle Job et Jean-Luc Proutat.
Article original : "Insaisissable productivité."
Source : Conjoncture Paribas, n° 5, volume 29, mai 1999 ; Paribas, 3, rue d'Antin, 75002 Paris, tél. 01 42 98 12 34 ; internet : www.paribas.com