LE CHANGEMENT SOCIAL

Les bouleversements liés à la révolution industrielle font naître des réflexions nouvelles sur le devenir des sociétés qui jusqu’alors étaient relativement stables.

L’industrie bouleverse les relations sociales, une société nouvelle se dessine.

Les changements et la volonté de les comprendre donneront naissance à une science humaine nouvelle : la sociologie. Au départ conçue comme une branche dérivée de la philosophie, la sociologie se forge progressivement ses concepts, ses courants et acquiert son autonomie en tant que sciences humaines.

Les pères fondateurs de la sociologie (COMTE, de TOCQUEVILLE, MARX, DURKHEIM, WEBER) partagent le projet de comprendre les mutations que connaît la société de leur époque et d’essayer de prévoir ce que sera la société industrielle qui naît et s ‘épanouit au XIXème.

Aujourd’hui les sociologues sont à nouveau confronter à des transformations qui les interpellent, le déclin de l’industrie, du travail en tant qu’élément intégrateur, les mutations technologiques, font penser que l’on s’éloigne de la société industrielle. Les premiers les sociologues ont parlé de société post industrielle (D. BELL) de société programmée (A. TOURRAINE).

1 – De la société traditionnelle à la société industrielle

Les pères fondateurs de la sociologie ont bien sur chercher à comprendre les mutations les mutations de la société, mais leur projet est plus ambitieux. Pour DURKHEIM (1858-1917) et WEBER (1864-1920), il s’agit de définir les méthodes et l’objet d’une nouvelle science.

11 – Le changement social : caractéristique des sociétés industrielles

111- Qcq le changement social ?

Pour puisse parler de changement social, il faut que la transformation sociale soit :

Le changement social est bien un changement de société, plus qu’un changement dans la société.

Les sociétés préindustrielles ne sont pas totalement figées, nous l’avons vu, des innovations se produisent mais à l’échelle humaine les conséquences économiques et sociales sont toutefois peu perceptibles. Il apparaît donc difficile de parler de changement social. Avec la révolution industrielle, les bouleversements s’accélèrent et les conséquences deviennent visibles, voire inquiétantes. C’est une préoccupation nouvelle pour les sciences humaines.

112 – Le passage de la société traditionnelle à la société industrielle

La datation du passage n’est pas chose aisée, car tous les éléments du système social ne se transforment pas en même temps.

On continue de privilégier l’aspect économique pour dater la naissance de la société industrielle. En partant de l’idée qu’une croissance prolongée est impossible sans changement de structure.

Les données chiffrées permettent de situer l’entrée dans la société industrielle autour de 1830, quand le rythme de croissance s’accélérant engendre la partition du monde entre pays développés (industrialisés) et pays en développement que nous connaissons aujourd’hui (se référer au graphique de P. Bairoch montrant l’évolution à long terme du PIB des deux zones).

Mais situer l’acte de naissance de la société industrielle, n’est pas non plus indépendant de la définition qu’on en donne, ni du domaine privilégié pour l’étudier.

Ainsi selon les pères fondateurs, la caractéristique de la société industrielle mise en évidence n’est pas la même.

Divergences et convergences entre les principaux sociologues sont présentées dans le tableau ci-dessous :

Culture, valeurs

Individualisme, liberté, égalité (TOCQUEVILLE, DURKHEIM)

Rationalité (WEBER)

Domination et aliénation (MARX)

Structures sociales

Division sociale du travail (DURKHEIM)

Société de masse (TOCQUEVILLE, DURKHEIM)

Société de classes (WEBER, MARX)

Principe intégrateur

Solidarité organique (DURKHEIM)

Religion, démocratie (TOCQUEVILLE)

Ethique de la profession (WEBER)

Organisation des travailleurs (MARX)

Facteur de désintégration

Anomie et absence de corps intermédiaire (DURKHEIM)

Egalitarisme (TOCQUEVILLE)

Bureaucratisation (WEBER)

Aliénation et lutte des classes (MARX)

 

Malgré les divergences des diverses approches de la société industrielle, il est incontestable qu’il existe un élément de convergence dans l’importance accordée à l’activité professionnelle comme facteur d’intégration sociale.

On peut dire que la société industrielle est la société dans laquelle le travail est devenu le centre de la vie sociale, et en particulier le travail industriel.

L’importance du travail industriel peut être mesurée par la part de la population active travaillant dans le secondaire et par celle du temps consacré au travail dans le budget temps des ménages. La diminution du temps de travail fut une revendication essentielle du mouvement ouvrier dès sa naissance. Ce n’est que très progressivement que le temps de travail se réduisit en France : repos hebdomadaire obligatoire en 1906, journée de huit heures en 1919, semaine de 40 heures et congé payé de 15 jours en 1936…

113 – Les principaux facteurs explicatifs du changement social

1131 – Le facteur démographique

1132 – Le facteur technique

1133 – Les valeurs culturelles

Le contexte culturel est déterminant dans la diffusion des innovations.

La thèse soutenue par Max WEBER dans " l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme " est considérée comme un modèle du genre. Même si aujourd’hui elle fait l’objet de nombreuses critiques, en particulier celle concernant la position sociale des protestants entrepreneurs. Ce sont la plus part du temps des immigrés qui disposent d’une liberté d’action dans les rapports sociaux qui caractérisent les agents favorables au changement social.

On peut en conclure que les rapports de pouvoirs ne sont pas étrangers au changement social. Certains groupes ont plus d’intérêt que d’autres à ce qu’il ait lieu.

1134 – Les conflits sociaux

Dans la perspective marxiste, l’avènement de la société industrielle est la conséquence du conflit qui oppose bourgeoisie marchande à l’aristocratie terrienne, victoire de l’élite moderniste sur l’élite conservatrice. La faiblesse numérique de cette élite moderniste expliquerait l’absence de changement social en Chine ou dans le monde islamique.

Cependant, comme ce fut le cas au Japon, en Russie voire en Prusse, lorsque cela renforce son pouvoir la classe dirigeante conservatrice peut très bien jouer la carte du changement. Le conflit est alors inexistant comme facteur de changement social.

12 – Les débats théoriques : facteurs dominants, rôles des acteurs.

121 – Les facteurs prédominants : matérialisme contre culturalisme.

1211 – L’approche matérialiste (ex : Marxisme)

Les transformations de la vie matérielle des hommes, provoquées par des progrès techniques, induisent, lorsqu’elles sont suffisamment fortes, un changement social.

On a ainsi la séquence suivante :

Technique entraîne Economie entraîne Social entraîne Culture

(Production) (Stratification) (Valeurs et idéologies)

1212 – L’approche culturaliste (ex : Weber)

L’approche est inversée :

Culture entraîne Social entraîne Economie entraîne Technique

Pour Weber dans " L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme " :

Réforme (enrichissement plait à Dieu) entraîne Bourgeoisie entrepreneuriale entraîne Accumulation capitaliste entraîne Innovation technique

1213 – L’approche fonctionnaliste dépasse l’opposition matérialisme /culturalisme

Le fonctionnalisme (T. PARSONS (1902-1980), SMELSER, R.MERTON) est une théorie anthropologique et sociologique selon laquelle la société forme un tout intégré où chaque élément a une fonction utile dans le dispositif d’ensemble (ex : famille socialisation de ses membres (fonction manifeste), mais aussi production (fonction latente)). Chaque élément doit être ramené à la totalité à laquelle il appartient, ainsi tout individu peut appartenir à la fois à différents éléments du dispositif d’ensemble et y jouer un rôle différent (on peut être patron d’entreprise, père de famille, électeur, joueur de football….), la diversité des fonctions et des rôles introduit la possibilité de penser le changement, les conflits, les crises ou les contradictions au sein de la théorie fonctionnaliste.

Les fonctionnalistes mettent l’accent sur les forces qui à l’intérieur d’un système social lui permettent de s’autoréguler. Mais l’autorégulation ne signifie pas immobilisme pour durer un système social doit être capable de changement et de modernisation.

Les facteurs du changement peuvent être culturels comme matériels. Ainsi SMELSER montre que la rupture technique de la société industrielle va de paire avec des changements culturels permettant d’adopter les changements techniques.

Certaines analyses contemporaines envisagent le changement social sous la forme d’un système dans lequel les facteurs interagissent les uns sur les autres. Elles sont dites systémiques. Henri Mendras et Michel Forsé propose le schéma systémique suivant dans " Le changement social "(Colin, 1983).

Causalité

CULTUREL (dominant) ECONOMIQUE , SOCIAL, TECHNIQUE sont en interaction

Fonctionnement

 

STRATEGIES agissent sur SYSTEME LOCAL agît sur ENVIRONNEMENT GLOBAL qui rétroagît sur STRATEGIES 

 

122 – Le rôle des acteurs

Le grand débat sur la " liberté " des acteurs prend naissance à la fin du XIXème quand Durkheim et Weber tentent de jeter les bases de la sociologie. L’un et l’autre proposent des approches des phénomènes sociaux qui rompent avec les explications biologiques jusque là dominantes.

Cependant ces deux auteurs s’opposent sur l’autonomie des individus par rapport au social.

DURKHEIM est le tenant d’une sociologie du fait social ou holiste, alors que WEBER défend une approche actionniste à la base de ce que l’on appelle aujourd’hui " l’individualisme méthodologique ".

DURKHEIM est le sociologue du conçu, alors que WEBER est le sociologue du vécu.

1221 – DURKHEIM : la position holiste

DURKHEIM privilégie l’extériorité du fait social qui s’impose à l’individu du fait de l’unité culturelle de la société.

Pour DURKHEIM le fait social se caractérise :

Pour qualifier la sociologie de DURKHEIM on parle de holisme : c’est à dire une théorie d’après laquelle le fonctionnement de la société détermine l’action des individus.

1222 – Max WEBER : actionnisme et individualisme méthodologique.

Pour WEBER la société n’a pas d’homogénéité culturelle que lui prête Durkheim. La société moderne se caractérise au contraire par le pluralisme des valeurs et des conflits de valeurs.

Durkheim parle d’objectivité du fait social, WEBER prend en compte la subjectivité des acteurs qui détermine leur action, d’où le terme d’actionnisme pour qualifier cette position théorique qui fonde le postulat de l’individualisme méthodologique. C’est à dire que la réalité sociale n’est intelligible qu’en partant du point de vue des acteurs individuels qui disposent d’une certaine marge de liberté, et dont les comportements sont, dans une certaine mesure, rationnels.

1223 – Une opposition à nuancer.

Tous les deux veulent " objectiver " la réalité sociale pour la rendre intelligible.

 

Intégration sociale

Conscience collective

Règles

Suicide égoïste

Faible

Faible

 

Suicide altruiste

Forte

Forte

 

Suicide anomique

Faible

 

Absence

Suicide fataliste

Forte

 

Excès

En résumé, sur les débats théoriques retenons :

 

OUI

NON

Y A T IL UN FACTEUR DOMINANT ?

MATERIALISME (MARX)

CULTURALISME (WEBER)

FONCTIONNALISME (PARSONS)

ANALYSE SYSTEMIQUE (MENDRAS)

LES ACTEURS SONT-ILS LIBRES ?

INDIVIDUALISME METHODOLOGIQUE, ACTIONNISME (WEBER)

HOLISME (MARX, DURKHEIM)

 

13 – la question de la méthode sociologique : comment analyser les faits sociaux ?

131 – La méthode comparative de DURKHEIM

Le sociologue doit donc s’efforcer d’étudier le social avec la même distanciation que le physicien qui observe les phénomènes physiques, c’est à dire sans jugement de valeur.

Si D X entraîne D Y alors Y = f(X)

L’exemple de la criminalité plus forte en Sicile l’été que l’hiver. Pour Durkheim l’explication n’est pas climatique, mais social, c’est la densité des relations sociales plus fortes l’été que l’hiver qui multiplie les contacts et donc les risques de conflits et d’actes violents. Un fait social, la hausse de la criminalité, est expliqué par un autre fait social l’augmentation de la densité sociale.

Dans " La division du travail social "(1893), DURKHEIM remarque une corrélation entre l’extension de la division du travail et l’extension du droit restitutif. Le lien causal est le suivant la modification du lien social est provoquée par l’extension de la division du travail, dont le droit restitutif est un indicateur.

Le droit restitutif correspond à une solidarité organique reposant sur des valeurs coopératives. La sanction est de réparer le dommage subi par compensation, souvent matérielle(indemnisation de la victime). Elle repose sur la raison plus que sur l’émotion. En accroissant le nombre des relations sociales, la division du travail fait prendre conscience à chacun de sa dépendance à l’égard de l’ensemble. Elle développe des contraintes, de nouvelles formes d’altruisme sans lesquelles il ne peut y avoir de vie sociale. La solidarité n’est donc pas moins forte, mais plus consciente que dans les sociétés traditionnelles. Elle correspond à une société où l’individu est devenu une réalité sociale.

132 – La méthode compréhensive de Max WEBER.

La notion de type idéal est propre à la sociologie de Max WEBER. Le type idéal est intermédiaire entre un concept théorique et une catégorie historique ou géographique : il s’agit d’un effort pour dégager dans une situation historique ou géographique donnée ce qui est à la fois essentiel, compréhensible (" idéal ") et singulier (" typique "). Raymond Aron parle d’une " reconstruction stylisée " de la réalité.

Par exemple dans l’analyse des sources de la légitimité WEBER distingue trois idéaux type :

Idéal type de légitimité

Fondement de la légitimité

exemple

Traditionnelle

Le caractère sacré de la tradition, le poids des coutumes

Le roi sous l’Ancien Régime

Charismatique

La personnalité exceptionnelle du chef. Il parvient par son charisme à susciter, entraîner et maîtriser des réactions émotionnelles

Le prophète, le tribun

Rationnelle Légale

L’autorité impersonnelle de la loi : on se soumet au gendarme pc qu’il représente la légalité, et non en raison de sa personnalité propre

Le président élu au suffrage universel.

Ainsi la légitimité rationnelle légale est typique des démocraties modernes, mais le président peut avoir de par son rôle dans l’histoire du pays et sa personnalité une légitimité charismatique (ex : Le général De Gaulle lorsqu’il devient chef de l’état en 58).

En plaçant au centre sa théorie la notion d’acteur ou d’action, Weber réintroduit la liberté du sujet dans l’analyse sociologique.

Ce postulat a pour conséquence qu’une même configuration historique n’aboutit pas forcément aux mêmes conséquences, et que réciproquement, qu’un même résultat peut être produit par des actions motivées par des fins très différentes. Cela découle du fait qu’un individu ne perçoit pas une situation sociale de la même façon selon les connaissances dont il dispose. Ainsi en examinant les logiques de l’action, Max WEBER se fait le défenseur d’un pluralisme causal que rejette DURKHEIM.

En résumé, les principes de l’individualisme méthodologique donc WEBER est le fondateur peuvent être énoncé comme suit :

  1. On explique un phénomène en le situant au niveau du système
  2. Les phénomènes sont considérés comme la résultante des comportements des agents
  3. Les phénomènes globaux observés ne résultent pas directement de la volonté des agents, mais des " effets d’agrégation " ou " de composition " de leur décision qui conduisent à des résultats inattendus parfois contraire aux décisions des agents (effets pervers)
  4. Le comportement des acteurs relève d’une rationalité limitée (imitation, influence des notables…)

2 – De la société industrielle à la société postindustrielle

Jusqu’aux années 70, la " sociologie du système " l’emporte sur la sociologie de l’acteur. Le retour au premier plan du paradigme actionniste doit être replacé dans le contexte du déclin de la société industrielle, qui s’accompagne d’une distance de plus en plus grande entre l’acteur et le système.

21 – Les mutations de la société

211 – Vers la société industrielle

Ainsi en 1990, le travail n’occupe plus en moyenne que 14 % du temps éveillé des individus contre 42 % en 1900.

212 – Les analyses de la société postindustrielle.

2121 – La société postindustrielle d’après Daniel BELL

L’expression de société postindustrielle a été définie pour la première fois par Daniel BELL en 1967 dans son ouvrage " Vers la société postindustrielle ".

Dans son livre D. BELL met en évidence la contradiction culturelle existant entre une sphère économique soumise aux valeurs de rationalité et d’efficacité et une sphère culturelle valorisant la réalisation de soi.

La société postindustrielle est marquée par l’avènement des classes moyennes salariés et diplômées qui prennent le contrôle des services (santé, éducation, culture…) nécessaires au développement de ce type de société.

Aux valeurs matérialistes de la société industrielle, élévation du niveau de vie, efficacité, se substituent la défense de la nature, l’épanouissement personnel, l’accès au savoir…

Plus généralement, la modernité se caractérise par la séparation des ordres économique, politique, social et culturel.

2122 – La  société " programmée " selon Alain TOURAINE

Dans son ouvrage " La société postindustrielle "(1969) TOURAINE considère cette mutation comme un véritable changement social. Il étudie le rapport que cette société " programmée " entretient avec sa propre créativité, c’est à dire sa capacité à se produire elle-même.

Cette analyse permet, notamment, de comprendre l’importance qu’ont pris les problèmes d’éthique lié à la production génétique de l’être humain dans nos sociétés.

Cet éclatement du corps social en une multitude de stratégies individuelles explique qu’à l’heure actuelle, le modèle actionniste soit de nouveau très utilisé.

 

En résumé, société industrielle et société programmée pour A. TOURAINE :

 

Société industrielle

Société programmée

Modèle culturel

Ethique du travail

Morale de la puissance, du plaisir, de la créativité

Garant métasocial

Dieu, l’Etat, le " progrès créateur "

Aucun

Investissement

Dans l’organisation du travail

Dans les finalités culturelles

Mouvement social central

Le mouvement ouvrier

Les mouvements anti-technocratiques

 

 

 

22 – Les courants de la sociologie française contemporaine du changement social.

On discerne toujours les prolongements des deux démarches fondatrices, mais les oppositions sont aujourd’hui moins marquées.

221 – La tradition holiste revisitée : BOURDIEU, TOURAINE.

2211 – L’approche de Pierre BOURDIEU

La sociologie de Pierre BOURDIEU est une synthèse paradoxale entre MARX et WEBER qui s’inscrit par ailleurs dans la tradition holiste chère à DURKHEIM.

 

Au total malgré les emprunts à WEBER, la démarche de BOURDIEU est donc essentiellement holiste dans la mesure où l’individu continue d’être déterminé de l’extérieur par la société.

2212 – Le changement social chez Alain TOURAINE (né en 1925)

TOURAINE est un héritier de MARX et de WEBER.

Dans la société industrielle, les conflits sociaux avaient pour cadre le lieu de production (l’usine) et pour objet la répartition de la richesse créée. Ces conflits sans disparaître complètement sont de plus en plus relayés par des nouveaux conflits qui ont pour cadre la ville, l’université, l’environnement… Ils ont pour la plus part des enjeux culturels : la qualité de vie urbaine, la qualité de l’enseignement, la préservation de l’environnement…

222 – Le renouveau de l’approche individualiste.

La période de mutation sociale actuelle caractérisée par un affaiblissement des régulations traditionnelles favorise l’individualisme comme valeur mais aussi comme paradigme sociologique.

2221 – L’individualisme méthodologique de Raymond BOUDON.

 

La théorie des jeux et l’exemple du dilemme du prisonnier montrent que la décision individuelle la plus rationnelle pour chacun ne produit le résultat optimum pour les participants au jeu.

Deux complices d’un forfait sont emprisonnés séparément et ne peuvent se concerter. La matrice des peines selon que l’un ou / et l’autre avoue le forfait est la suivante et connue des deux prisonniers :

2

1

Avoue

Nie

Avoue

5 – 5

0 – 10

Nie

10 - 0

2 - 2

En choisissant de maximiser leur intérêt individuel séparément, aucun des deux prisonniers ne prendra le risque d’être le seul à nier, tous deux avoueront afin de minimiser les risques et écoperont chacun de 5 ans de prison, alors que la solution coopérative apporte une satisfaction plus grande pour chaque prisonnier.

R.BOUDON désigne deux types d’effets d’agrégation :

      1. Les effets d’amplification qui peuvent être vertueux ou pervers par exemple la courbe en " S " de diffusion d’un produit ou d’une mode, ou encore l’exemple de l’échiquier de Thomas Schelling pour exemple la ségrégation dans les quartiers de grandes villes américaines (" La tyrannie des petites décisions "PUF 1980).
      2. Les effets de neutralisation par exemple l’analyse faite par BOUDON de la mobilité sociale. Il y a bien démocratisation de l’école, qui entraîne une course aux diplômes car il y a désir d’ascension sociale, mais ceci entraîne une dévalorisation des diplômes. Toute la structure des diplômes se déplace vers le haut laissant inchangée la distribution des positions sociales.

      1. Les systèmes interdépendances (ex : la place de la concorde aux heures de pointe, le marché, une route à trois voies…) où les comportements et les rôles ne sont pas définis à priori.
      2. Les systèmes fonctionnels (ex : organisation, famille…) où les acteurs sont liés entre eux par des rôles plus ou moins bien définis et des attentes vis à vis de ces rôles.

BOUDON se situe bien dans la tradition de Max WEBER et d’une sociologie dite libérale (proche de la sociologie américaine, BOUDON a d’ailleurs étudié et enseigné aux Etats Unis). Il postule la liberté stratégique des individus dans une situation sociale donnée refusant tout déterminisme a priori, ce qui permet les évolutions sociales sans rupture mais ce qui ne refuse pas non plus que les individus soient influencés dans leur action la structure sociale dans laquelle ils évoluent.

2222 – L’interactionnisme de Michel CROZIER.

Pour étudier ces organisations Max WEBER avait forgé l’idéal type de la bureaucratie, c’est à dire un ensemble rationnel de moyens destinés à atteindre un certain objectif (voir le cours sur l’analyse de l’Etat). Si pour WEBER la bureaucratie est synonyme d’efficacité, dans l’opinion, non sans raison, elle est plutôt assimiler à l’inefficacité. C’est à l’étude de ce paradoxe que CROZIER consacre sont ouvrage le " Le Phénomène bureaucratique ".

Les études empiriques de CROZIER et de ses disciples dans des administrations, des entreprises, permettent de montrer comment et pourquoi se produisent des blocages ou se met en branle le processus de changement. Au niveau macro social, c’est la série des différents blocages qui feront comprendre pourquoi la société est " bloquée " ou au contraire ouverte au changement.

 

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Lien vers transformations sociales liées a l'industrialisation.